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La Chaire

Pourquoi une chaire Unesco des Droits de l’Homme  et la Culture de Paix au nom de l’Émir Abdelkader ?

     La Chaire Unesco Emir Abdelkader pour les Droits de l’Homme et la Culture de Paix est une unité de recherche internationale créée par l’accord signé en date du 15 juin 2016 entre l’Université d’Alger I et l’Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Culture et la Science (Unesco). La Chaire a pour objectif de promouvoir un système intégré d’activités de recherche, de formation, d’information et de documentation dans le domaine des droits de l’homme, de la culture de la paix et de la philosophie du droit.
     En proposant de baptiser une Chaire Unesco pour les Droits de l’Homme et la Culture de Paix  au nom de l’Emir Abdelkader (1808-1883), l’Université d’Alger I et l’Organisation des Nations Unies pour l’Education , la Culture et les Sciences entendent rendre hommage à une personnalité hors paire de l’histoire algérienne dont la contribution au domaine des droits humains et du dialogue interreligieux est aujourd’hui unanimement reconnue.
    Fondateur de l’Etat algérien moderne et porte étendard du droit des peuples à décider de leur destin, l’Emir Abdelkader fut en son temps reconnu, même par ceux à l’avoir combattu, pour sa grandeur morale et son humanisme. Philosophe, juriste et homme politique, l’histoire retiendra de l’Emir Abdelkader le fait d’avoir été l’un des précurseurs du droit international humanitaire en entrepreneur, au début du XIX e siècle, la rédaction d’une « Charte pour la Protection des victimes et des droits des prisonniers de guerre » (Mîthâq hifz dahâyâ al-harb wa hifz huqûq al-usârâ) ; une compilation qui devait, au dire de bon nombre d’historiens du droit, tracer la route vers la codification du droit humanitaire moderne, faisant ainsi de l’Emir, comme l’affirme le président du CICR Peter Maurer (2013), l’ un des pionniers de la rédaction du droit international humanitaire bien avant la convention de Genève de 1864.
     Une autre contribution de l’Emir au droit de la guerre : l’intervention humanitaire. Bien qu’ayant été contraint à déposer les armes en 1847 pour se voir emprisonné en France puis exilé à Damas, l’Emir ne perdit rien de son humanisme ; homme d’action et de parole, le jour où éclata, le 9 juillet 1860, l’émeute antichrétienne de Damas, il n’hésita pas au péril de sa vie et de celle de ses proches à prendre la défense des minorités non musulmanes, suvant ainsi près de 12.000 chrétiens d’une mort certaine. Bien que cet acte de bravoure lui valut alors la reconnaissance de la communauté internationale, il ne vit en cette intervention qu’un simple « devoir imposé par la Loi mohammadienne et les droits de l’Humanité » ; par delà l’humilité véhiculée par cette parole, on peut aujourd’hui donner à la formulation de l’Emir une double vocation : elle élabore d’une part, conformément au précepte musulman qui impose d’« ordonner le louable et dénoncer le blâmable ». » ( al-amr bi al-ma’rûf wa al-nahy ‘ani al-munkar ), le principe de « devoir d’ingérence » dans les conflits armés, principe désormais essentiel du droit international humanitaire ; elle théorise, d’autre part et sans doute avant l’heure, la notion « d’Humanité » en tant qu’entité juridique dotée de droits opposables aux personnes la composant ; une conception de l’Humanité qui explique, et à bien des égards, l’engagement de l’Emir Abdelkader dans la voie du dialogue interreligieux et du rapprochement entre les peuples ; n’est-ce pas lui qui disait si bien à ce propos : « Si les Musulmans et les Chrétiens avaient voulu que je prête leur attention, j’aurais fait cesser leurs querelles ; ils seraient devenus, extérieurement et intérieurement, des frères. »